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L'effet rebond, ennemi n°1 de la rénovation énergétique ?

Rédigé par Sophie | 18 oct. 2024 16:40:34

 

Quand on se lance dans des travaux de rénovation, on pense à beaucoup de choses : choix de l’artisan, demande de prime CEE, démarches MaPrimeRénov’, financement… Peut-être avez-vous même essayé de calculer l'impact de vos travaux sur le montant de vos prochaines factures d'énergie ? Si c'est le cas, pas sûr que vous ayez pris en compte l'effet rebond dans vos estimations.

Qu’est-ce que donc que ce mécanisme paradoxal et méconnu, qui vient déjouer les prévisions de consommation ? Comment rendre les rénovations profitables malgré l’effet rebond ? Economee vous éclaire !

L’effet rebond, kezako ? 

L’effet rebond est l’augmentation de la consommation d’une ressource alors qu’une technologie venait d’en réduire le besoin. Concrètement, dans le cas de l’énergie, cela signifie qu’après des travaux de rénovation, on observe une consommation d’énergie supérieure à celle attendue. L’économie espérée initialement est en partie absorbée par un changement de comportement.

L’effet rebond est un phénomène fréquemment observé pour la consommation d’énergie, mais on le retrouve aussi dans d’autres domaines (alimentation, gestion des déchets, psychologie, numérique etc.)  lorsqu’une nouveauté vient modifier l’équilibre de départ. 

🚅 Par exemple, lors de la mise en service des TGV, on aurait pu s’attendre à ce que les voyageurs profitent de cette innovation uniquement pour baisser leur temps de trajet, or ils se sont mis à aller plus loin ! Donc les temps de trajet n’ont pas diminué, car ils ont changé leur manière de voyager, au lieu de bénéficier simplement de la réduction de la “limite temporelle”. 

On voit bien dans cet exemple que les économies d’énergie réelles peuvent être inférieures aux prédictions, car ces dernières ne prennent pas en compte le comportement des usagers. Or à nouvelles conditions, nouveau comportement !

Un exemple : Monsieur et Madame Durand font réaliser des travaux d’isolation thermique dans leur maison, qui devraient réduire leurs pertes de chaleur de 25%. On pourrait s’attendre à une réduction d'autant de leur facture de chauffage. Cependant, ils souhaitent désormais profiter de leur maison isolée pour mieux la chauffer : auparavant, ils réglaient le thermostat sur 17° parce qu’ils avaient l’impression de jeter l’argent par les fenêtres et parce que chaque degré de chauffage leur coûtait très cher ! Après les travaux, ils le règlent sur 19° pour profiter d’un confort accru. Les économies d’énergie n’atteignent pas les 25% théoriques.

Comment évaluer l'effet rebond ?

On peut calculer l’effet rebond avec un simple pourcentage entre les économies attendues et les économies réelles : 

Effet rebond = 1 - (économies réalisées / économies prévues)

Ainsi, un effet rebond de 30% correspond à des économies inférieures de 30% à celles attendues après les travaux à comportement constant.

Pour mieux comprendre les ressorts de l’effet rebond, on peut s’appuyer une vaste étude menée par le Conseil d’Analyse Économique sur les dépenses énergétiques de 178 000 foyers. Cette analyse met en lumière le rôle de trois facteurs clés sur l’écart constaté entre la consommation théorique et la consommation réelle constatée : 
     - le prix de l'énergie : sans surprise, un kWh cher contraint davantage et limite la magnitude de l’effet rebond
     - le revenu des occupants : les foyers aux revenus modestes ont une consommation plus proche des prédictions, tandis que les plus aisés s’en écartent 
     - la performance initiale du logement avant les travaux.



C’est ce dernier facteur qui influe le plus sur l’effet rebond (et qui nous intéresse le plus dans le cadre des travaux de rénovation). En effet, les occupants d’un logement mal isolé auront tendance à limiter le chauffage : leur consommation réelle est alors inférieure à la consommation théorique. Le potentiel d’économies après travaux est donc en partie surestimé.

C’est donc bien souvent le passage d’un logement peu performant (avant travaux) à un logement plus performant après travaux qui génère la modification du comportement des usages, soit l’effet rebond. 

Lutter contre l'effet rebond à tout prix ?

Tentant de jeter le bébé avec l’eau du bain, et donc d’arrêter d’investir de l’argent public et privé dans des rénovations ambitieuses ? C’est (heureusement) plus subtil que ça

On peut déjà constater que si l’effet rebond limite effectivement l’amélioration attendue, elle ne l’annule pas dans le cadre de la rénovation énergétique. En effet, toutes les études scientifiques s’accordent sur un effet rebond compris entre 20 et 40% pour le bâtiment résidentiel après travaux. On est loin des 100% qui annuleraient les bénéfices de la rénovation ! Il y a donc dans tous les cas de figure étudiés une réduction réelle de la consommation. 

Il est également primordial de regarder cet effet rebond en prenant de la hauteur : souvent, la “surconsommation” attendue ne correspond pas à une débauche de kWh inutiles, mais c’est la réponse à un besoin légitime. 

Pour autant, limiter l’effet rebond est un enjeu fort, à la fois au niveau global, dans le cadre de la transition énergétique nécessaire, et au niveau individuel, pour que les foyers puissent compter sur les économies générées par les travaux de rénovation. 

L’effet rebond étant intimement lié à nos comportements et donc à nos décisions, le facteur le plus déterminant est la pédagogie. En décortiquant le mécanisme, chacun est à même de prendre conscience de l’existence de l’effet rebond et d’évaluer sa pertinence dans le cas particulier de son logement et de son foyer. 

Cette prise de conscience permet également de comprendre que la sobriété énergétique d’un logement ne se limite pas à ses caractéristiques techniques, mais repose aussi sur les facteurs humains. Et donc que c’est en suivant et en optimisant ses usages que l’on tire au maximum profit de la rénovation énergétique de son logement. 

Par exemple, l’investissement dans un thermostat pilotable pièce par pièce est un complément très pertinent à l’isolation thermique ou à l’installation d’une pompe à chaleur : on peut alors bénéficier d’un confort impeccable tout en limitant la consommation énergétique au plus près de ses besoins. 

Dans certains cas, on peut alors observer l’effet “débond” (effet rebond négatif), c’est-à-dire des économies d’énergie encore plus importantes que celles attendues, car le fait de faire des travaux a mené les occupants à s’intéresser à leurs usages de l’énergie et à trouver des leviers anti-gaspillage dans la vie quotidienne.

C’est en tout cas le pari du service Economee : vous aider à amplifier les bénéfices de votre rénovation, grâce à des analyses de vos consommations d’énergie et des conseils personnalisés pour les diminuer. On vous en dit plus par ici !